Opinion de Voltaire sur la justice Française de son temps








Sa belle conduite dans les affaires Calas (1762), Sirven (1764), et La Barre (1766), au service desquelles il a mis tout son esprit, sa passion sincère pour la liberté de penser, son horreur pour l’inhumanité, ont porté sa popularité au sommet.

I. Son idéal politique :

L’influence de l’Angleterre, tant pratique par son régime constitutionnel, que théorique pour ses idées politiques, rayonnait sur Voltaire. Rappelons le, Voltaire connut la prison de La Bastille à l’âge de 23 ans pour avoir écrit une satire contre le régent Philippe d’Orléans. Puis en 1726, il fut à nouveau embastillé car il avait osé, lui, simple roturier, provoquer en duel un gentilhomme qui l’avait fait bastonner. C’est alors qu’il s’exile pour trois ans en Angleterre, pour se sauver d’un troisième emprisonnement. Une fois rentré en France, Voltaire est toujours imprégné des idées anglaises et s’exalte pour sa tolérance et ses libertés.

II. Son opinion sur la justice :

Invoquons tout d’abord les causes célèbres, trop tristement célèbres, de Calas, Sirven, La Barre et même Lally-Tollendal ; ce sont ces affaires-là qui ont fait comprendre à Voltaire que la procédure criminelle à cette époque, selon lui : « ne faisait que présenter le désolant spectacle d’une terrible et terrifiante confusion, d’une incohérence et d’un arbitraire qui n’avait d’égaux nulle part ailleurs ». Autrement dit, Voltaire se révolte contre une justice intolérante, irrationnelle, amorale et absurde.

III. Ses réformes :

Il souhaite certains changements dans les procédures judiciaires françaises :

  • Les lois doivent être clairement formulées pour qu’il n’y ait pas d’équivoque ;
  • Le système inquisitorial est très dangereux et très injuste ;
  • La procédure criminelle française est fort mauvaise vu le recours qu’ont les juges aux présomptions de culpabilité et aux demi preuves de cette dernière ;
  • Des hommes sont condamnés à mort par une toute petite majorité de voix […], la vénalité des charges est mauvaise ;
  • La meilleure procédure est celle d’Angleterre parce que là les procès se font en public ;
  • Les peines devraient être proportionnées aux crimes ;
  • La peine de mort ne devrait être prononcée le plus rarement possible, car il se trouve qu’un homme en vie peut encore être utile à la société ;
  • Les peines infâmantes, c’est-à-dire les bannissements et les dégradations civiques qui soumettaient le condamné à la réprobation publique, devraient être abolies.

En politique, il préconise de nombreuses réformes :

  • L’impôt proportionnel et sans privilèges ;
  • La réduction des armées ;
  • La suppression des droits seigneuriaux ;
  • La liberté individuelle ;
  • L’éducation du peuple ;
  • L’abolition du servage ;
  • L’abolition de la vénalité des charges de justice ;
  • La suppression de la torture ;
  • Le divorce …

Mais pas plus qu’un système philosophique, il n’a construit de système politique. Tout comme il est resté déiste, il est resté conservateur. Pour un grand territoire, une monarchie modérée lui paraît le meilleur des gouvernements.